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Un agenda bien rempli pour Boris Zürcher

Un agenda bien rempli pour Boris Zürcher

Depuis l’introduction de la libre circulation des personnes, le marché de l’emploi revient plus fréquemment sur le devant de la scène. Actuellement, plusieurs initiatives populaires dans ce domaine mettent la Direction du travail au Seco et ses 315 collaborateurs à l’épreuve. Une entrée en fonction mouvementée pour son nouveau chef, Boris Zürcher.

Photo: Hannes Saxer


«De gros morceaux nous attendent», déclare sans ambages le nouveau chef de la Direction du travail. À 49 ans, Boris Zürcher a pris, au début du mois d’août, la tête de la plus grande direction du Secrétariat d’État à l’économie (Seco), laquelle est principalement chargée des questions d’exécution, notamment de l’assurance-chômage. Dans son bureau situé Effingerstrasse à Berne, il nous confie que cette tâche permanente nécessite des services aussi efficaces que possible.Même si aucun chantier n’est en cours dans le domaine de l’assurance-chômage, quelques défis politiques se profilent à l’horizon, à commencer par le référendum sur les heures d’ouverture des «shops» de stations-service, soumis à votation le 22 septembre. Il entraînerait une modification de la loi sur le travail. Les employés concernés doivent-ils pouvoir proposer l’ensemble des produits à la vente 24 heures sur 24? Tel est l’objet de la votation. «Cette année, le peuple sera également amené à voter sur l’initiative relative aux salaires minimums», ajoute Boris Zürcher. La Direction du travail vient d’ailleurs d’élaborer un rapport sur les branches à bas salaires à l’intention de la Commission de l’économie et des redevances du Conseil des États (CER-E, voir p. 53ss). Ce document doit permettre de poursuivre la discussion sur l’initiative et d’identifier une éventuelle alternative à un salaire minimum fixe.L’initiative populaire 1:12 – Pour des salaires équitables mobilise également les spécialistes de la Direction du travail, même si la coordination de ce dossier incombe à la Direction de la politique économique, également rattachée au Seco. La libre circulation des personnes alimente également le quotidien de Boris Zürcher et de ses collaborateurs. En effet, les initiatives Contre l’immigration de masse et Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles ne sont pas compatibles avec l’Accord sur la libre circulation des personnes. «Un référendum sur l’extension de la libre circulation des personnes à la Croatie serait aussi un défi», ajoute ce natif de Langenthal.

Ce n’est pas un retour aux sources


Boris Zürcher considère les premiers temps à la tête de la Direction du travail comme une phase d’apprentissage. Il a, pourtant, dirigé le secteur Politique du marché du travail au Seco entre 1999 et 2002, avant de devenir conseiller économique de Pascal Couchepin d’abord, puis de Joseph Deiss et de Doris Leuthard au sein de l’ancien Département fédéral de l’économie (DFE). Pour lui, «cela n’a rien d’un retour aux sources». Beaucoup de choses ont changé et il occupe aujourd’hui une autre fonction. Il peut néanmoins mettre à profit l’expérience et les connaissances acquises à l’époque. Après avoir quitté la direction de l’institut de recherche BAK Basel en février, Boris Zürcher s’est accordé une parenthèse et a passé du temps avec sa famille; son aîné a commencé l’école cet été et le plus jeune est entré à la garderie.Le nouveau chef se considère comme un homme politique. Selon lui, une bonne décision doit non seulement être techniquement fondée, mais également prise en accord avec les partenaires de la politique du marché du travail. «Je vais droit au but et je suis persévérant», dit-il. Cette endurance se reflète dans son parcours académique. Dessinateur de machines, Boris Zürcher a effectué sa maturité et ses études d’économie en cours d’emploi, jusqu’à l’obtention d’un doctorat. Ambitieux, c’est sûr. Pourtant, il estime aussi avoir eu beaucoup de chance.

Le libéralisme du marché de l’emploi est-il en danger?


Au vu des défis qui se posent à la Direction du travail, on peut se demander si le caractère libéral du marché suisse de l’emploi est en danger. Selon Boris Zürcher, toute initiative politique est légitime. Il faudrait, par contre, tirer la sonnette d’alarme si une grande partie des votations à venir devaient aboutir. «L’introduction de salaires minimums au niveau national occasionnerait une perte énorme en flexibilité.» Cette dernière demeure, en revanche, intacte avec les conventions collectives de travail dont le champ d’application a été étendu. «Les salaires qu’elles prévoient sont négociés. Seul ce qui existe déjà peut être validé au niveau fédéral.»Quant à la situation économique dans son ensemble, le nouveau directeur se veut rassurant: malgré des risques considérables, la Suisse n’a aucune raison de s’inquiéter. Au contraire, la croissance continue de l’emploi et un faible taux de chômage, comparé aux pays de l’UE, sont, selon lui, des éléments remarquables et réjouissants.

Encadré 1: Parcours professionnel

Parcours professionnel


Mai 2012 – février 2013

Directeur et économiste en chef de BAKBASEL Economics AG, Bâle.

À partir de 2003

Chargé de cours à l’université de Berne.

Mars 2007 – avril 2012

Membre de la direction et économiste en chef d‘Avenir Suisse, Think Tank for Economic and Social Issues, Zurich.

Mi-2002 – début 2007

Conseiller en politique économique du chef du Département fédéral de l‘économie (DFE).

Juillet 1999 – mi-2002

Chef de la politique du marché du travail, Secrétariat d’État à l’économie (Seco).

Proposition de citation: Nicole Tesar (2013). Un agenda bien rempli pour Boris Zürcher. La Vie économique, 01 septembre.