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La compétitivité des grandes régions suisses: une nouvelle série d’articles

La Vie économique consacre une nouvelle série d’articles aux sept grandes régions suisses: Bâle, Bassin lémanique, Espace Mittelland, Suisse centrale, Suisse méridionale, Suisse orientale et Zurich/Argovie. Chacune d’elles sera évaluée sur la base de trois indices thématiques: la compétitivité, l’attractivité et le potentiel économique. Cette méthode permet d’obtenir un aperçu rapide et d’établir facilement des comparaisons transversales avec d’autres régions économiques suisses ou extérieures au pays.

BAK Basel Economics est un institut de recherche indépendant compétent dans le domaine de l’économie régionale tant au niveau national qu’international. Il analyse, entre autres, régulièrement les structures économiques des régions, leurs perspectives d’avenir et leur compétitivité. Il a développé pour ce faire une série d’indicateurs et les a regroupés dans des indices thématiques. Ces derniers offrent un accès rapide et simple aux différents thèmes. De leur côté, les indicateurs qui les constituent permettent, en cas de besoin, d’analyser de manière approfondie les faits et les facteurs ayant conduit à ces résultats. Les indices reflètent une approche fortement standardisée. Cependant, ils ne peuvent en aucun cas remplacer une analyse détaillée, laquelle doit tenir compte des particularités régionales. On ne peut pas non plus les interpréter comme des prévisions propres à la région. Ces limitations sont compensées par les avantages que constituent la standardisation et la possibilité d’obtenir un aperçu rapide qui permet des comparaisons internationales.

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Objet de l’étude: les grandes régions


La définition des sept grandes régions suisses retenues par le BAK Basel Economics pour cette série d’articles tient compte aussi bien de critères fonctionnels que de limites politico-administratives. D’un point de vue fonctionnel, on peut considérer le Bassin lémanique, la région Zurich/Argovie et Bâle comme trois ensembles formés de gros noyaux urbains avec leurs bassins économiques respectifs. L’Espace Mittelland se présente comme un cordon de villes (Berne, Thoune, Bienne, Fribourg et Neuchâtel) avec leur arrière-pays. La Suisse orientale et centrale se compose de zones géographiquement homogènes coiffées chacune d’un «chef-lieu» important (Saint-Gall, Lucerne). Enfin, la Suisse méridionale recouvre une grande partie de la zone alpine. Les limites politico-administratives sont prises en considération dans la mesure où les régions représentent des agrégats cantonaux. Les grandes régions du BAK Basel ne correspondent pas à celles définies par l’Office fédéral de la statistique (OFS). Nous privilégions les critères fonctionnels. Ainsi, comme le canton d’Argovie regarde plutôt vers la métropole zurichoise, il lui a été associé pour former une même région. La concordance des structures économiques constitue un autre critère. C’est, par exemple, le cas de la région Suisse méridionale qui comprend le Valais et les Grisons, deux cantons s’accordant très bien sur ce plan. Toutefois, les choix restent, dans une certaine mesure, arbitraires. Ainsi, la Banque nationale suisse a sa propre définition des grandes régions.

Les trois indices thématiques


La compétitivité d’une région se mesure à sa productivité (performance), à son attractivité et à son potentiel. La performance reflète la puissance économique que la région a déployée jusqu’ici. L’attractivité résulte de la qualité des différents sites qu’une région offre à la main-d’œuvre et aux entreprises. Le potentiel se réfère à son futur développement économique. Il se base sur les structures données (voir graphique 2). L’indice de performance traduit la compétitivité antérieure en mesurant le développement économique que la région a suivi jusque-là. L’analyse combine le niveau du produit intérieur brut (PIB) par habitant avec une composante de la croissance (celle du PIB et de la population active). Ces deux valeurs sont importantes pour évaluer le bien-être, car ni un niveau élevé de prospérité en diminution constante ni une faible expansion ne sont satisfaisants. Certes, le PIB est souvent utilisé pour mesurer la prospérité, mais il n’est pas exempt de défauts. Le nombre d’actifs est tout aussi important pour une société économiquement saine. Cette partie de la famille d’indices permet d’évaluer les progrès déjà réalisés; en prenant également en compte les tendances actuelles, on peut cerner la situation qui va déterminer l’évolution future.

L’attractivité est une composante essentielle de la compétitivité. Elle offre un aperçu de la situation actuelle. Toutefois, son impact se déploie surtout dans l’avenir (plus ou moins proche). Dès lors, l’attractivité est un facteur important du développement économique futur d’une région. L’indice d’attractivité exprime la capacité d’une région à attirer et à garder des sociétés ainsi que de la main-d’œuvre sur son sol. BAK Basel a effectué des sondages auprès d’entreprises. Ces enquêtes ont montré que les facteurs suivants jouent un rôle particulièrement important dans le choix de l’implantation: la charge fiscale, l’accessibilité, la qualité de vie, la capacité d’innovation et la réglementation des marchés. Au moyen d’indicateurs comparables du point de vue quantitatif, l’indice d’attractivité mesure la performance régionale par rapport à ces champs thématiques. L’indice de potentiel structurel est tourné vers l’avenir. Néanmoins, il ne contient pas de prévisions individuelles. Son but est d’identifier le potentiel des structures économiques et politiques actuelles pour le développement futur de la région. Cet indice met en lumière deux domaines thématiques relevant de la sphère économique et un regroupement de structures politiques pertinentes sur le plan économique:

  • La croissance future d’une région est largement influencée par la structure sectorielle et économique existante. Certes, l’évolution structurelle peut modifier complètement la base économique d’une région à long terme. Cependant, cette dernière est tributaire à court et à moyen terme de la structure existante. Les perspectives des différentes branches peuvent présenter de profondes différences selon la dynamique de la demande, le progrès technologique, la concurrence et la pression sur les coûts. C’est ce que montre l’indice partiel Potentiel de la structure industrielle. La forte concentration géographique de branches promises à un développement est susceptible d’offrir à la région des perspectives de croissance durables Les perspectives de croissance de certaines branches se situent dans le contexte d’une économie hautement développée. Cet indice, comme d’ailleurs l’ensemble de la famille d’indices, n’est donc approprié que pour l’analyse de régions dont l’économie est très développée. .
  • L’indice partiel Capacité de rivaliser examine la compétitivité des branches qui se livrent une concurrence interrégionale. Si elles possèdent une base d’exportation solide et concurrentielle, les régions peuvent participer au commerce mondial et recueillir les fruits de la division internationale du travail. Cette base se compose de toutes les branches qui ont un potentiel d’exportation ou qui pourraient être remplacées par des importations. La compétitivité de ces branches se mesure à leur productivité. Les plus avancées en ce domaine peuvent obtenir à long terme de meilleurs résultats que d’autres dans la concurrence interrégionale.
  • L’indice partiel Potentiel de la structure politique mesure les conditions-cadres politiques à l’aide des indicateurs suivants: la part de l’économie parallèle au PIB, la corruption perçue Pour connaître le degré de corruption perçue, on se référera à l’indice de perception de la corruption (CPI) établi par Transparency International. et la décentralisation Le niveau de décentralisation est mesuré au moyen de nombreux indicateurs. Pour de plus amples informations, voir Decentralisation Indicators on the Regional Level, à l’adresse suivante: bakbasel.ch, rubriques «Competences», «Governance projects», «Decentralisation».

Regard sur la série d’articles


Le concept décrit ci-dessus forme l’élément principal de la série d’articles sur les sept grandes régions suisses, qui paraîtra au fil des prochains mois. Leur structure sectorielle – associée aux indices calculés dans chaque cas – feront chaque fois l’objet d’un aperçu complet. La répartition des branches clés à l’intérieur de chaque région sera également analysée. La série commence par un article consacré à l’Espace Mittelland.

Proposition de citation: Rebekka Rufer ; Martin Eichler ; Reto Krummenacher ; (2015). La compétitivité des grandes régions suisses: une nouvelle série d’articles. La Vie économique, 11 février.

Méthodologie des indices

Les indices et les indices partiels sont standardisés de telle sorte que la moyenne des régions Nuts-2 d’Europe occidentale équivaut à 100 et que l’écart-type de ces régions est de 10. Une valeur de 110 signifie donc que la région concernée fait mieux que la moyenne des régions Nuts-2 d’Europe occidentale.

Indice de performance


Les trois domaines partiels sont pondérés de la manière suivante: PIB par habitant 50%; croissance du PIB 25%; croissance de la population active 25%. L’étude a accordé approximativement la même importance aux deux composantes, à savoir le niveau (PIB par habitant) et la dynamique (croissance du PIB et de la population active). Dans la seconde, la création d’emplois vient s’ajouter à la hausse du PIB (toutes deux étant pondérées de la même manière).

Indice d’attractivité


Cet indice se compose de plusieurs domaines partiels: taxation fiscale (travailleurs hautement qualifiés 10%, entreprises 20%), accessibilité (mondiale 10%, continentale 10%), réglementation (marché du travail 10%, marché des produits 10%), capacité d’innovation (qualité de la recherche selon «l’indice de Shanghai» 10%, nombre de brevets 10%, nombre de publications 10%). La charge fiscale et la réglementation ont un impact négatif sur l’indice (plus les impôts et la densité de la réglementation sont élevés, moins la région est attrayante). La formation de l’indice (indicateurs, coefficients) se fonde sur des enquêtes réalisées dans les entreprises et sur des analyses de régression (croissance du PIB). Étant donné les nombreuses lacunes dans les données internationales, il a fallu écarter le domaine «Qualité de vie». Pour pouvoir faire des comparaisons à l’intérieur de la Suisse, BAK Basel a également élaboré un indice de la qualité de vie, mais elle ne l’a pas encore intégré dans son indice d’attractivité (comparable au niveau international).

Indice de potentiel structurel


Cet indice se décline en trois domaines partiels: le potentiel de la structure industrielle (40%), la capacité de rivaliser (40%) et le potentiel de la structure politique (20%). Ils sont décrits plus en détail dans le texte principal.