Entretien avec la conseillère fédérale Doris Leuthard, cheffe du DFE, sur les mesures de stabilisation
Les perspectives de l’économie suisse se sont de nouveau dégradées. Face à cette situation, le Conseil fédéral a décidé un nouveau train de mesures pour 2010, qui se chiffrera à 400 millions de francs. Cette troisième phase – à l’image des deux premiers plans de stabilisation déjà votés – respecte les principes du frein à l’endettement et est surtout destinée à soutenir le marché du travail. Il s’agit de lutter contre la hausse du chômage de longue durée afin d’éviter les arrivées en fin de droits. La conseillère fédérale Doris Leuthard, cheffe du Département fédéral de l’économie (DFE), explique dans un entretien à La Vie économique les raisons qui ont amené le Conseil fédéral à cette décision.
La Vie économique: Le 17 juin dernier, le Conseil fédéral a approuvé un troisième train de mesures qui s’inscrit dans son plan de stabilisation conjoncturelle. En bref, quels sont les critères qui ont motivé sa décision? Doris Leuthard: Étant donné les perspectives économiques peu réjouissantes, le Conseil fédéral n’avait pas d’autre choix que de déclencher la troisième phase des mesures de stabilisation conjoncturelle, conformément à sa volonté de procéder par étapes. Certes, la Suisse ne se porte pas si mal, en comparaison avec d’autres pays. Cependant, le Groupe d’experts de la Confédération a une nouvelle fois nettement revu à la baisse ses prévisions pour 2010, si bien qu’il s’est avéré nécessaire d’adopter ce troisième train de mesures. On s’attend à une recrudescence du chômage, qui devrait atteindre l’année prochaine 5,5% en moyenne. La Vie économique: C’est la raison pour laquelle ces mesures mettent l’accent sur le marché du travail… D. Leuthard: Dans ce domaine, il s’agit d’apaiser les maux dus à la crise et de permettre aux chômeurs d’espérer. Le Conseil fédéral est également préoccupé par l’affaiblissement du pouvoir d’achat des consommateurs. Celui-ci sera en effet entamé par les hausses annoncées des primes d’assurance-maladie, du prix de l’électricité et de la taxe sur le CO2, mais aussi par les mesures d’assainissement qu’une partie des caisses de pension doivent prendre. En lançant ce programme de stabilisation, le Conseil fédéral entend contribuer à atténuer la récession. La Vie économique: Dans ce nouveau programme conjoncturel, une bonne partie des mesures relatives au marché du travail s’adressent aux jeunes adultes. Pourquoi? D. Leuthard: Rien n’est plus démoralisant pour les jeunes adultes que de ne pas pouvoir entrer dans le monde du travail alors qu’ils viennent de terminer leur formation. Il faut doubler le nombre de stages professionnels, les faire passer de 2000 à 4000. La Confédération elle-même doit assumer une responsabilité accrue en la matière et offrir davantage de places de stage. Nous prévoyons également des contributions au salaire pour les jeunes qui traversent une longue période de chômage à l’issue de leur apprentissage et qui éprouvent des difficultés à trouver un emploi. Cette mesure, limitée dans le temps, devrait faciliter leur insertion professionnelle. Il faut aussi que les jeunes aient la possibilité d’obtenir un cofinancement de la Confédération pour suivre des formations continues, par exemple des cours de langue ou d’informatique. Durant les périodes de chômage partiel, la Confédération soutiendra désormais des formations continues organisées par l’entreprise ou ciblées sur la branche. Les participants seront ainsi bien préparés à affronter le marché du travail lorsque l’économie redémarrera. La Vie économique: On fait beaucoup d’efforts pour aider les jeunes sans emploi à s’insérer dans la vie professionnelle. Les chômeurs âgés vont-ils passer à la trappe? D. Leuthard: Non, non. Sur les 350 millions de francs au total qui financent les mesures prises dans le domaine du marché du travail, 253 millions sont destinés à l’intégration des chômeurs de longue durée, et cela indépendamment de leur âge. Ces mesures revêtent pour nous une importance particulière, car il y a toujours un risque que les chômeurs de longue durée deviennent tributaires de l’aide sociale une fois qu’ils ont épuisé leur droit aux indemnités journalières. Arrivés en fin de droits, ils ont encore moins de revenus et peuvent donc encore moins consommer. Il est absurde de les transférer aux services sociaux, car cela signifie un déplacement des dépenses vers les communes. C’est ce que nous voulons éviter dans la mesure du possible. Pour les chômeurs de longue durée et les personnes en fin de droits, nous prévoyons des engagements dans des réseaux d’emploi auprès d’institutions à but non lucratif et des tâches spéciales dans les domaines de la santé, du tourisme, de la nature et de la jeunesse. La Vie économique: Combien coûteront au total les mesures que la Confédération compte prendre pour stabiliser l’économie en 2010? D. Leuthard: Les impulsions conjoncturelles des phases I et II, qui déploieront leurs effets en 2010, représentent quelque quatre milliards de francs. Pour les mesures relatives au marché du travail, les dépenses prévues totalisent 350 millions de francs. Dans le but de renforcer le pouvoir d’achat, le Conseil fédéral a déjà approuvé en mai dernier le versement d’une contribution spéciale de 200 millions de francs pour l’allégement des primes d’assurance-maladie. D’autre part, le Parlement a décidé d’avancer à début 2010 l’entrée en vigueur de la réforme de la TVA, ce qui représente une baisse dimpôts de 150 millions de francs. Enfin, la révision de l’imposition des couples mariés allégera de 650 millions de francs la charge fiscale des ménages. Ce n’est pas rien. La Vie économique: Le Conseil fédéral a consacré 238 millions de francs à des actions de durée limitée dans des réseaux d’emploi. C’est un montant énorme, si l’on considère qu’il touchera seulement 6800 personnes. Cela vous vaudra certainement des critiques de la part des parlementaires opposés aux mesures de stabilisation. Comment réagirez-vous à ces objections qui viendront de la droite? D. Leuthard: Le plus sereinement du monde, car j’ai des arguments. Cette mesure s’adresse précisément aux personnes qui sont sur le point de perdre leur droit aux indemnités journalières, avec toutes les conséquences néfastes que je viens d’évoquer. La détérioration de la consommation intérieure dépasserait largement les moyens engagés pour maintenir les chômeurs en fin de droits dans le réseau d’assurances. Si ces 6800 personnes peuvent conserver plus ou moins le même niveau de vie, l’argent aura été bien investi. Naturellement, c’est une mesure qui coûte cher. Cest, toutefois, le prix à payer pour ne pas faire concurrence au marché du travail primaire. Voilà pourquoi nous avons choisi les réseaux d’emploi, pour que les personnes qui ont du travail ne courent pas le risque de le perdre. La Vie économique: Les mesures liées au marché du travail devraient profiter à 22000 personnes en 2010. Or, la Suisse comptera quelque 220000 chômeurs l’an prochain. C’est pourquoi les syndicats et les partis de gauche réclament des programmes de stabilisation qui portent sur huit milliards de francs. Que répondez-vous à ces critiques? D. Leuthard: Le nombre de chômeurs sera effectivement élevé, ce qui constitue pour la Suisse une situation extraordinaire. Mais, Dieu merci, nous avons l’assurance-chômage pour y faire face. C’est un bon instrument qui garantit le versement de 70 à 80% du gain assuré. Parallèlement, l’État peut essayer de maintenir des emplois en prenant des mesures ciblées pour soutenir le marché intérieur. C’est ce que nous avons fait avec les phases I et II des mesures de stabilisation, qui ont profité à la branche de la construction, en particulier dans le domaine de l’énergie. Les effets ainsi obtenus se répercuteront sur le marché du travail. Hélas, nous n’avons pas pu faire grand-chose en faveur du secteur des exportations, qui emploie environ la moitié de la main-d’oeuvre en Suisse. Ce domaine échappe malheureusement à notre influence. La Vie économique: Le Conseil fédéral a examiné une autre mesure, sans l’adopter: la redistribution anticipée du produit de la taxe sur le CO2. Pourquoi y a-t-il renoncé? D. Leuthard: Dans le système actuel, la redistribution n’intervient que deux ans après le prélèvement. Du point de vue conjoncturel, il serait judicieux de percevoir la taxe et de reverser son produit la même année; techniquement, c’est tout à fait possible. Cependant, le système est différent aujourd’hui. Si nous avions dû le modifier pour 2010, cela aurait représenté une charge budgétaire supplémentaire et, par conséquent, une augmentation du déficit. C’est ce que le Conseil fédéral a voulu éviter. La Vie économique: Que répondez-vous à ceux qui affirment que les mesures du Conseil fédéral ne contiennent strictement rien d’innovant et déplorent que le «Green Deal» en soit totalement absent? D. Leuthard: Je ne peux pas laisser dire ça. Si l’on prend en compte les trois phases du programme, 323 millions de francs vont au domaine de l’énergie et de l’environnement. Ce montant vient s’ajouter aux budgets déjà prévus, qui ont eux-mêmes augmenté. De plus, quinze millions de francs seront alloués à la formation de la main-d’oeuvre qualifiée dans le secteur énergétique. En effet, les plus grands investissements ne servent à rien si l’on ne trouve pas un couvreur capable de poser des panneaux solaires ou une entreprise qui puisse effectuer la rénovation thermique d’une façade. N’oublions pas que le programme de 200 millions de francs pour l’assainissement énergétique des bâtiments sera mis en oeuvre en 2010; il en va de même pour la contribution des cantons. Il faut d’abord digérer toutes ces mesures. En outre, le secteur de la construction n’a pas besoin d’aides étatiques supplémentaires: ses carnets de commandes sont bien remplis. Bref, nous faisons ce qu’il est judicieux de faire. C’est pourquoi nous avons renoncé à un programme séduisant à première vue, mais qui ne peut pas être mis en oeuvre. La Vie économique: La Suisse ne soutient pas certaines branches, contrairement à d’autres pays. L’Allemagne et les États-Unis, par exemple, subventionnent massivement leur industrie automobile. Comment s’expliquent ces différences? D. Leuthard: Ces deux pays possèdent une importante industrie automobile, ce qui n’est pas le cas du nôtre. Heureusement, car ce domaine est durement frappé par la crise. Nous avons en Suisse d’importants fournisseurs de la branche automobile, qui peinent à exporter leur production, mais, par principe, nous ne voulons pas cibler notre aide sur certains secteurs. L’État a toujours eu des difficultés à désigner les «branches d’avenir». Dans le cas de l’industrie automobile, on peut se demander si elle ne souffre pas en réalité de problèmes structurels que la situation conjoncturelle a simplement accentués. Nous ne voulons pas dépenser pour soutenir des mesures inefficaces qui ne feraient qu’augmenter la dette publique. Tout autour de nous, les pays industrialisés se sont massivement endettés. Ils auront du mal à surmonter ce problème après la crise. Nous ne voulons pas d’une telle perspective pour la Suisse. La Vie économique: Avec son train de mesures, le Conseil fédéral veut soutenir la demande finale et stabiliser le marché du travail. Compte tenu de ces deux objectifs, comment se justifie la décision d’alléger les primes de l’assurance-maladie? D. Leuthard: Cette réduction soulagera les ménages qui sont contraints de se serrer la ceinture pour payer des primes d’assurance-maladie majorées de 10 ou 15%, voire plus. Pour beaucoup de gens, cette hausse est problématique en soi. Elle tombe de surcroît à un moment très défavorable. Grâce à la contribution spéciale de la Confédération, les ménages pourront consacrer davantage d’argent à d’autres dépenses. Cette mesure limitée dans le temps permettra au moins d’adoucir leur situation et de stimuler quelque peu la consommation. La Vie économique: Gouverner, c’est prévoir. D’où cette question: à votre avis, qu’est-ce qui va déterminer la vie économique durant les 18 prochains mois? D. Leuthard: Même si tout porte à croire aujourd’hui que la crise a atteint son paroxysme, il faut malheureusement s’attendre à d’autres vagues de licenciements avant que le marché du travail ne se ressaisisse. Malgré toutes les mesures prises, beaucoup de gens vont traverser une phase difficile, car ils perdront leur emploi et n’en retrouveront pas facilement un autre. Du point de vue financier, certains pays devront s’interroger sur la manière d’éponger la montagne de dettes supplémentaires qu’ils ont accumulées. Ce problème se répercutera sur la demande en produits suisses. Ce ne sera pas facile pour notre pays, bien que nous ayons réussi jusqu’à présent à contenir notre propre dette dans les limites fixées par le frein à l’endettement. Il sera d’autant plus important de préparer la Suisse à toutes les éventualités en s’appuyant sur une forte politique de croissance. La Vie économique: Quelle est, selon vous, la probabilité que le Conseil fédéral déclenche une quatrième phase de mesures de stabilisation? Dans quelles conditions pourrait-il prendre une telle décision? D. Leuthard: Nous venons tout juste de lancer la troisième phase, qui doit encore être soumise aux Chambres fédérales. Nous espérons que les débats seront fructueux et que le Parlement l’adoptera. Pour l’année 2010, nous avons fait tout ce qui était possible, réaliste et efficace. J’en suis convaincue. En ce qui concerne 2011 et au-delà, il est encore trop tôt pour procéder aux analyses nécessaires et prendre des mesures. L’un des enseignements de la récession actuelle est qu’il faut toujours être prêt à affronter des crises importantes, de longue durée. Nous continuerons d’accompagner les mesures de stabilisation, afin de vérifier si elles sont déployées correctement et si elles débouchent éventuellement sur d’autres champs d’action que nous ne connaissons pas encore. C’est là une tâche permanente du Conseil fédéral et de l’administration. Si les choses évoluent conformément aux prévisions économiques, nous connaîtrons à nouveau une modeste croissance en 2011. La Vie économique: Si la récession dure plus longtemps que prévu, un quatrième train de mesures s’avérera indispensable. En élaborant ces programmes étatiques de stabilisation, quelle importance attachez-vous à la stricte application du frein à l’endettement? D. Leuthard: Pour la troisième phase de mesures conjoncturelles, nous disposions d’une marge de manoeuvre suffisante sur le plan financier. Nous avons donc pu agir sans pour autant endetter excessivement la Suisse à long terme. Le Conseil fédéral y tient absolument. Le même souci sous-tendait déjà la création du frein à l’endettement et la règle complémentaire concernant les dépenses extraordinaires. Nous sommes heureux de n’avoir pas dû recourir, en l’occurrence, à de telles dépenses. Nous espérons qu’il continuera d’en être ainsi. La Vie économique: Toute crise est également une chance. D’après vous, en quoi celle que nous traversons actuellement offre-t-elle à la Suisse l’occasion de se préparer pour le prochain «boom» conjoncturel? D. Leuthard: Nous devons saisir la chance de combattre la crise avec des mesures modérées. Sans nous laisser détourner de notre voie, nous devons également travailler à améliorer les conditions-cadres d’une croissance durable. Cette crise sera un jour derrière nous. Il faudra alors que nous ayons toutes les cartes en main: un endettement limité, une main-d’oeuvre bien formée, une réglementation mesurée et des entreprises innovantes, connues dans le monde entier. La Vie économique: Revenons à ces réactions parfois très négatives de la gauche et de la droite au sujet du troisième plan conjoncturel: l’UDC et le PLR refusent par principe d’autres mesures de stabilisation; le PS, les Verts et les syndicats, par contre, trouvent votre programme beaucoup trop léger; le PDC est le seul parti qui le défende. Dans ces conditions, comment comptez-vous réunir une majorité de voix au Parlement pour faire approuver le troisième train de mesures? D. Leuthard: Écoutez, ces fronts étaient déjà présents durant la première phase, puis durant la deuxième et maintenant on les retrouve pour la troisième. En fait, les débats au Parlement ont toujours montré qu’il fallait faire quelque chose, mais sans exagérer et en respectant le cadre fixé par le frein à l’endettement. Que les uns trouvent ce plan excessif et les autres insuffisant, je l’admets. Je crois que le Conseil fédéral a le devoir de réfléchir d’abord à long terme et de proposer uniquement des mesures efficaces qui garantissent une certaine durabilité. Nous nous concentrons sur le marché du travail. Je suis convaincue que le taux de chômage va augmenter fortement après l’été. C’est pourquoi je ne crois pas que les parlementaires, lors de la session d’automne, pourront simplement dire aux groupes de personnes concernées: «Débrouillez-vous comme vous pouvez.» La Vie économique: Vous êtes donc confiante pour l’issue du vote? Le troisième train de mesures proposé devrait réunir une majorité au Parlement? D. Leuthard: Oui, je suis confiante. La Vie économique: Une question personnelle pour terminer. Vous êtes entrée en fonction à un moment où la conjoncture était meilleure qu’aujourd’hui. Maintenant, vous êtes confrontée à de forts vents contraires. Ce n’est certainement pas une situation facile… D. Leuthard: Certes, ce n’est pas toujours facile, mais cela fait partie de mon travail. J’ai de très bons collaborateurs et nous coopérons étroitement avec les milieux économiques, les partenaires sociaux et les cantons. Il est important d’être bien informé, de savoir ce qui se passe «sur le front» et de pouvoir anticiper certaines choses. Cela nous aide également à évaluer les demandes qui nous sont adressées durant la crise, afin de déterminer si elles sont justifiées ou si nous devons nous montrer prudents. Ce qui compte, c’est d’avoir une ligne claire et de savoir rester ferme quand il le faut, ceci dans l’intérêt de la durabilité et des générations futures. La Vie économique: Madame la Conseillère fédérale, nous vous remercions pour cet entretien.
Direction de l’entretien et rédaction: Geli Spescha, rédacteur en chef de La Vie économique
Transcription de l’entretien: Simon Dällenbach, rédacteur de La Vie économique
Encadré 1: Des mesures en faveur de la croissance
La Vie économique: Le programme conjoncturel contient-il aussi des mesures destinées à stimuler la croissance?D. Leuthard: Je souhaite améliorer la structure de la place technologique suisse et donner une impulsion à des domaines prometteurs. Dans l’esprit de la politique de croissance, le Conseil fédéral entend soutenir des plateformes de promotions des exportations destinées aux entreprises suisses qui possèdent un savoir-faire très spécifique, mais qui n’ont pas la taille critique pour se faire connaître sur les marchés internationaux. Des PME novatrices pourront créer au sein de leur branche une organisation leur permettant de prospecter ensemble les marchés étrangers. Pour que nos entreprises puissent devenir encore plus performantes, nous voulons par ailleurs promouvoir les technologies de l’information et de la communication. Les mesures prises en faveur de la croissance ont pour but d’assurer que la Suisse sorte renforcée de la crise et qu’elle puisse profiter pleinement de la reprise. Avec la première et la deuxième phases des mesures de stabilisation conjoncturelle, nous avons beaucoup investi dans l’infrastructure lourde, à savoir le rail et la route. Nous voulons maintenant procéder à des investissements dans l’infrastructure électronique, afin d’alléger la charge administrative qui pèse sur l’économie. Ainsi, le développement de la signature numérique «Swiss Digital Identity» facilitera le travail des entreprises. Elle leur offrira des possibilités entièrement nouvelles.
Encadré 2: La Suisse profite-t-elle?
La Vie économique: Pratiquement aucun pays ne respecte les règles d’une politique financière durable. C’est pourquoi certains reprochent à la Suisse de prendre des mesures conjoncturelles du bout des doigts, tout en profitant largement des vastes plans de relance mis en place par les États étrangers. Ces reproches vous gênent-ils?D. Leuthard: Dans le cadre des efforts menés en commun par la communauté internationale, nous nous engageons totalement en faveur d’un soutien de la demande. Si l’on inclut également les stabilisateurs automatiques (assurance-chômage, etc.), les trois phases de stabilisation conjoncturelle généreront des impulsions pour un montant total de 15,5 milliards de francs en 2009 et 2010. Ce n’est pas à la Suisse qu’il faut reprocher de faire du tort aux autres, mais aux pays qui ont eu l’imprudence de s’endetter de manière démesurée. Un jour ou l’autre, ces États devront résoudre leur problème de surendettement. Cela débouchera sur des ralentissements durables de leur croissance. D’autres pays, dont probablement la Suisse, en pâtiront également.
Proposition de citation: Spescha, Geli (2009). Entretien avec la conseillère fédérale Doris Leuthard, cheffe du DFE, sur les mesures de stabilisation. La Vie économique, 01. juillet.