Monsieur Furrer, la coopération au développement est-elle nécessaire ?
Absolument. Même les pourfendeurs les plus virulents de la coopération au développement reconnaissent que nombre de projets atténuent effectivement la souffrance et la pauvreté et qu’ils améliorent les conditions-cadres. Nos projets permettent à des gens d’avoir à nouveau une perspective d’avenir. Je l’ai vu récemment au Pérou et en Serbie. Nous devons agir là où nous pouvons faire bouger les choses durablement, dans le cadre de projets innovants et avec des risques calculés. Dans l’ensemble, nous pouvons nous targuer d’un taux élevé de réussite, ce qui me réjouit.
Depuis octobre dernier, vous êtes à la tête du centre de prestations Coopération et développement économiques du Seco. Quel est son rôle ?
Nous soutenons nos pays partenaires sur la voie d’une croissance économique durable. Vous savez, pour diminuer la pauvreté, il faut d’abord de bons emplois. Ceux-ci doivent principalement provenir du secteur privé. Toutefois, pour que les entreprises puissent créer des emplois, elles ont besoin d’être bien approvisionnées en eau et en énergie. C’est pourquoi nous essayons de renforcer les conditions-cadres de l’État, par exemple en Indonésie, au Ghana ou en Colombie. Nous soutenons aussi des projets qui visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre ou à encourager le commerce durable de produits naturels. Enfin, les risques globaux nous occupent aussi, comme les effets des crises financières ou économiques. Sur ce front, nous collaborons avec des banques de développement, telle la Banque mondiale.
Quels succès avez-vous enregistrés ?
Durant ces dernières années, le Seco a contribué à créer des milliers d’emplois, par exemple par le biais du Swiss Investment Fund for Emerging Markets (Sifem), qui investit dans des entreprises établies dans des pays en développement. Ce soutien a, par exemple, permis à un élevage de moules en Afrique du Sud d’accroître sensiblement sa production et de doubler le nombre d’emplois pour le porter à 500. Ces nouveaux postes profitent à des personnes peu qualifiées dans une région fortement frappée par le chômage.
Selon vous, quels seront les grands défis à relever jusqu’en 2030 ?
Les inégalités au sein de la population augmentent dans de nombreux pays. C’est pourquoi nous devons nous engager pour que la croissance économique ne crée pas des exclus et qu’elle offre une perspective à chacun. La dimension environnementale prendra également de plus en plus d’ampleur. Les défis climatiques se sont accentués. Nous devrons également répondre aux défis de l’urbanisation croissante dans de nombreux pays en développement.