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La valeur des PME

Hans-Ulrich Bigler, Directeur de l’Union suisse des arts et métiers (Usam), Berne

Prise de position

La Suisse est un pays de PME, un pays de petites et moyennes entreprises dirigées par leurs propriétaires. Chaque entreprise étant façonnée par la personnalité de son dirigeant, cela donne lieu à une diversité qui est à la fois le capital permettant aux PME de générer des ressources qu’elles investissent ensuite selon leur stratégie propre et un facteur essentiel de notre place économique.

Mais qu’apporte un paysage des PME aussi diversifié? Elinor Ostrom, économiste américaine et lauréate du Nobel 2009 d’économie, a étudié comment la diversité se mue en capital et comment ce dernier est géré. Selon elle, l’interaction sociale et économique entre les acteurs est source de savoir et de savoir-faire. En d’autres termes: plus la diversité est grande, plus l’échange de savoir et de savoir-faire est important.

La performance économique des PME est impressionnante: les quelque 600 000 PME de Suisse représentent 99,7% des entreprises et deux tiers des emplois. Elles sont le vecteur d’emploi le plus dynamique et forment 70% des apprentis. Pour les femmes, l’accès aux postes de cadres et de cadres dirigeants y est plus aisé que dans les grandes entreprises. Enfin, environ un tiers des innovations sont le fait, au sein des PME, de collaborateurs dont le travail est directement en lien avec les clients et les produits.

Solidement ancrées dans l’économie régionale, les PME génèrent également 60% des importations (en valeur) et presque la moitié des exportations. Adieu le mythe des PME axées sur le seul marché intérieur! Avec une part de création de valeur de 60% du PIB, leur performance est tout bonnement indispensable à l’économie helvétique.

Renforcer la diversité des PME en tant que ressource revient à renforcer la liberté et à réduire les coûts de la réglementation.

Pour mettre en œuvre de bonnes idées commerciales et utiliser leurs marges de manœuvre, les chefs d’entreprise doivent à la fois jouir d’une certaine autonomie et assumer les conséquences de leurs décisions; en d’autres termes, ils doivent disposer d’une liberté entrepreneuriale et endosser leurs responsabilités. Un cadre politique, juridique et économique assurant une concurrence la plus libre possible sur un marché aussi libre que possible est la condition préalable à l’innovation, à la stimulation de la productivité et à l’augmentation de la prospérité pour tous. Une bonne gouvernance mise sur la diversité comme capital.

L’ouverture réglementaire à tous les modèles d’entreprise est par conséquent primordiale: la réglementation en vigueur pour les grandes banques ne doit pas restreindre inutilement la liberté d’action des gérants de fortune privés.  Il faut également éviter les réglementations inutiles qui sont sources de coûts, de dépenses et d’immobilisation du capital, comme les obligations de déclarer les matières premières tout au long de la chaîne de création de valeur ou les modifications indigestes de notices d’emballage qui, de ce fait, devront être réimprimées. En effet, leur marge de manœuvre entrepreneuriale ou leur gestion ne permettent pas aux entreprises de se soustraire à ces réglementations.

La politique est donc appelée à réduire les coûts de réglementation inutiles et à endiguer l’édiction de futures règles. Pour cela, un frein aux coûts de la réglementation – tel que discuté actuellement par le Parlement – s’impose. Renforcer la diversité des PME en tant que ressource revient à renforcer la liberté et à réduire les coûts de la réglementation.

Proposition de citation: Hans-Ulrich Bigler (2023). Prise de position: La valeur des PME. La Vie économique, 18 avril.