Quel devrait être le poids de l’État?
Éclairage d'Eric Scheidegger, Seco
Un chantier sur l’autoroute A1, entre Birrfeld et Lenzbourg. (Image: Keystone)
Il est impossible de donner un chiffre précis pour répondre à cette question: il n’y a pas de «poids optimal» de l’État. La quote-part de l’État, c’est à dire les dépenses publiques rapportées au PIB, est toutefois un bon indicateur de la place occupée par l’État dans l’économie. En Suisse, elle est d’environ 32%.
Cette quote-part avoisine 50% en Suède et en Allemagne, tandis qu’elle est nettement inférieure à 30% dans les pays émergents et en développement.
En général, l’État devrait uniquement fournir des prestations dans les domaines où l’offre privée est insuffisante, par exemple dans la sécurité, les infrastructures, les assurances sociales ou la protection de l’environnement. Les prestations publiques doivent présenter un bon rapport coût-utilité. Une présence disproportionnée de l’État freine la prospérité, car elle entraîne une hausse des taxes.
En comparaison internationale, les pouvoirs publics suisses offrent un bon niveau de service dans les domaines de la formation, des infrastructures, du social et de la santé, pour un coût certes relativement élevé, mais nous autres, citoyens, apprécions la qualité de ces prestations. Cependant, la prudence est aujourd’hui de mise concernant les distorsions de concurrence liées à l’activité étatique. Cette dernière prend de l’ampleur notamment par le biais des entreprises semi-publiques comme la Poste, les CFF ou les entreprises de service public cantonales, au risque d’induire une augmentation rampante de la présence de l’État dans des domaines d’activités où des prestataires privés fournissent des prestations de qualité, même sans intervention de l’État, comme le montre le jeu de la concurrence entre les prestataires de services postaux privés. L’accroissement de l’activité étatique implique par ailleurs une forte hausse de l’emploi dans le secteur public, ce qui pourrait aggraver la pénurie de personnel qualifié dans le secteur privé.
La concurrence, le principe de la performance ou encore la responsabilité individuelle sont des bases libérales très importantes dans une économie sociale de marché. Mais considère-t-on le libéralisme comme un outil ou comme un but en soi? Là est la question.
En tant qu’outil, la liberté économique, condition sine qua non à l’essor de l’activité économique, est encore bien vivante en Suisse par rapport à d’autres pays. La protection de la liberté des citoyens est quant à elle le but de toute société libérale. Les fondements de notre système politique comme la démocratie (semi-) directe et le fédéralisme garantissent de nombreuses possibilités de participation qui n’existent pas ailleurs.
Entretien: «La Vie économique».
Proposition de citation: Éclairage d'Eric Scheidegger, Seco (2023). Quel devrait être le poids de l’État? La Vie économique, 12. juin.