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La concurrence stimule les innovations vertes

James Squire, Ambassadeur du Royaume-Uni en Suisse et dans la Principauté de Liechtenstein, à Berne

Prise de position

Lorsqu’en janvier 2023, j’ai pris mes fonctions d’ambassadeur du Royaume-Uni en Suisse, j’ai été frappé par la diversité, la profondeur et le dynamisme des thèmes qui unissent et animent nos deux économies. Quelque temps plus tard, en mai 2023, le conseiller fédéral Guy Parmelin et la secrétaire d’État du Royaume-Uni Kemi Badenoch ont entamé des négociations en vue de moderniser l’accord de libre-échange conclu entre nos deux pays.

Les investissements bilatéraux et les échanges commerciaux entre la Suisse et le Royaume-Uni sont considérables puisqu’ils s’élèvent chaque année à environ 190 milliards de francs. Le Royaume-Uni est le quatrième partenaire commercial de la Suisse, tandis que cette dernière occupe la dixième place parmi les partenaires commerciaux les plus importants du Royaume-Uni.

La Suisse se classe en tête de l’indice mondial de l’innovation (Global Innovation Index), alors que le Royaume-Uni en occupe la quatrième place. En tant que «champions de l’innovation», nos deux pays peuvent et doivent donner l’exemple en encourageant les innovations, un domaine dans lequel la concurrence mondiale joue un rôle central.

Nous devons nous assurer que la transition écologique ne se fasse pas au détriment de notre système commercial international, qui repose sur des règles.

L’instabilité géopolitique actuelle engendre des coûts économiques élevés. Les effets à long terme du Covid-19 et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont mis en évidence notre vulnérabilité face à la pénurie qui touche les filières mondiales d’approvisionnement. Un autre défi vient s’ajouter à cela: le changement climatique.

Le Royaume-Uni soutient ses partenaires et, par conséquent, approuve globalement les objectifs ambitieux du plan industriel du pacte vert de l’UE et de l’«Inflation Reduction Act» américain qui visent à lutter contre les conséquences de la pandémie et à promouvoir les technologies durables.

Il y a pourtant un «mais»: les programmes économiques de l’UE et des États-Unis ainsi que d’autres mesures limitant en partie le commerce affichent parfois des tendances protectionnistes. Nous devons donc nous assurer que la transition écologique ne se fasse pas au détriment de notre système commercial international, qui repose sur des règles.

Unis par des intérêts communs, le Royaume-Uni et la Suisse plaident en faveur d’un système commercial mondial fondé sur des règles. Comme la Suisse, le Royaume-Uni ne croit pas dans le bien-fondé de subventions qui entraînent des distorsions du marché. Les deux pays veillent à créer de bonnes conditions de concurrence sur leur territoire national grâce à un système de formation de qualité et à un marché de l’emploi flexible. Le système de la libre concurrence a fait ses preuves, l’État n’a pas à s’en mêler inutilement.

Puisque les défis sont mondiaux, ils appellent une réponse mondiale qui ne réside pas dans des mesures unilatérales prises par un pays ou un groupe de pays. Il devrait être possible de prendre des mesures communes (s’agissant du Covid-19, par exemple) au sein de l’Organisation mondiale du commerce, puisque celle-ci a pour mission de convier les États autour d’une table, tout en tenant compte des intérêts justifiés des différents partenaires commerciaux. Car, en fin de compte, seul un système fondé sur des règles peut stimuler la concurrence entre les États, tandis qu’une course aux subventions vertes pourrait menacer l’ordre international établi et réduire à néant les conditions qui sont requises pour permettre les innovations, lesquelles innovations, rappelons-le, sont nécessaires pour relever les défis actuels.

Proposition de citation: James Squire (2023). Prise de position: La concurrence stimule les innovations vertes. La Vie économique, 18 juillet.