Pourquoi le pouvoir d’achat est-il devenu un enjeu politique?

La meilleure définition à mes yeux est la suivante: ce qu’une personne peut économiser ou consommer grâce à son revenu disponible. L’Office fédéral de la statistique désigne le pouvoir d’achat par le terme de « revenu disponible équivalent ».

On fait la somme de tous les revenus (notamment les salaires, les dividendes et les rentes) dont on déduit les dépenses obligatoires (par ex. les impôts ou les primes d’assurance-maladie) pour obtenir le revenu disponible en francs. Il faut aussi corriger l’évolution du revenu en tenant compte de l’inflation car, lorsque les prix augmentent, on peut acheter moins de choses avec le même montant.

Oui, pour trois raisons. Premièrement, les prix des médicaments et des prestations de santé sont pris en compte dans l’indice national des prix à la consommation (IPC). Deuxièmement, les primes augmentent essentiellement parce que le volume de prestations croît, et non pas parce que les prix sont plus élevés. Intégrer directement les primes dans l’IPC reviendrait donc à surestimer le renchérissement. Troisièmement, les primes d’assurance-maladie de l’assurance de base obligatoire sont déjà intégrées dans la statistique du revenu disponible équivalent. Il est important de rappeler que l’IPC reflète l’évolution des prix, tandis que le revenu disponible équivalent mesure le pouvoir d’achat.

Une inflation excessive est l’une des principales raisons de la baisse du pouvoir d’achat, mais ce n’est pas la seule.

C’est un sujet important. Le pouvoir d’achat, qui indique dans quelle mesure la population bénéficie du système économique et politique, est influencé par un grand nombre de décisions politiques qui ont trait notamment au renchérissement (politique monétaire), aux impôts (politique fiscale), aux rentes (politique sociale) ou aux primes d’assurance-maladie (politique de santé). En outre, les différences entre les couches de la population sont importantes. En 2020, le revenu disponible mensuel était d’à peine 1700 francs dans le quintile inférieur de distribution des revenus contre 8500 francs dans le quintile supérieur. On estime que le revenu disponible annuel corrigé du renchérissement a augmenté d’environ 0,6% entre 2000 et 2020. Le pouvoir d’achat a, en revanche, légèrement baissé dans le quintile inférieur de distribution des revenus.

Au cours des 50 dernières années, les salaires réels ont progressé de 0,5% en moyenne annuelle. Les périodes marquées par une forte inflation, comme celle de 2022-2023, ont souvent entraîné des baisses de salaire réel. Les données indiquent également que les poussées inflationnistes inattendues sont rarement entièrement compensées par la suite. Une inflation excessive est l’une des principales raisons de la baisse du pouvoir d’achat, mais ce n’est pas la seule.