Comment le prix du CO2 est-il fixé?
Éclairage de Christian Keuschnigg, Université de Saint-Gall

Pour inciter l’industrie à investir dans des technologies permettant de réduire les émissions de carbone, des innovations et un prix élevé du CO2 sont nécessaires. (Image: Keystone)
Non, de même qu’il n’y a pas de système unique d’échange de quotas d’émission. Chaque pays a son propre prix du CO2, qui se compose des taxes sur le CO2 et des prix relatifs à l’échange de quotas d’émission.
Selon une étude réalisée par la Banque mondiale en 2021, le prix de la tonne de CO2 varie de moins de 1 dollar en Pologne à 137 dollars en Suède. Ces différences de prix ont un impact sur le commerce mondial, si bien que les producteurs des pays où le prix du CO2 est élevé se plaignent de ses conséquences sur la compétitivité de leur industrie.
Il diffère d’un pays ou d’une région à l’autre. L’UE, par exemple, définit au niveau supranational un volume d’émissions maximal pour certaines entreprises et branches. Elle leur vend des droits d’émissions pour chaque tonne de CO2 émis. En mars 2023, le prix d’un certificat était de 105 euros.
L’industrie et les particuliers s’opposent à tout renchérissement. D’un point de vue politique, il est donc compliqué d’imposer des prix élevés du carbone.
Les prix du carbone sont nettement moins élevés dans les pays en développement, mais ils sont similaires à ceux des pays industriels si on les met en relation avec le revenu par habitant.
Oui, et appliquer les mêmes prix ne serait pas correct à mon avis. Car 100 dollars la tonne est un prix extrêmement élevé pour un pays pauvre, alors que c’est plutôt le bas de la fourchette dans un pays riche. Les prix du carbone sont nettement moins élevés dans les pays en développement, mais ils sont similaires à ceux des pays industriels si on les met en relation avec le revenu par habitant.
Les taxes sur le CO2 sont synonymes de rentrées fiscales supplémentaires pour les États, qui bénéficient également du produit de la vente des droits d’émission. Ces revenus leur permettent de financer leurs investissements dans la protection du climat.
La taxe sur le CO2 est une taxe incitative qui fait partie intégrante du prix du carbone, comme le prix des certificats d’émission. La tarification du carbone vise à imputer aux producteurs les conséquences négatives – on parle d’externalités négatives – des émissions de CO2. Il s’agit d’inciter les consommateurs et les producteurs à prendre des décisions favorables au climat.
Tout miser sur la tarification du carbone serait onéreux et générerait un conflit entre la croissance et le climat. L’innovation peut améliorer la situation, mais le prix du carbone doit tout de même rester élevé, sinon l’industrie n’aura que peu d’intérêt à investir dans des technologies permettant de réaliser des économies de CO2.
Proposition de citation: Éclairage de Christian Keuschnigg, Université de Saint-Gall (2024). Comment le prix du COsub>2/sub> est-il fixé? La Vie économique, 07. mars.