La croissance sera-t-elle au rendez-vous en 2025?
Éclairage de Felicitas Kemeny, Secrétariat d’État à l’économie
Plus sûres qu’une boule de cristal, les prévisions économiques à court terme sont relativement fiables. (Image: Keystone)
Non, même si, par nature, un pronostic, quel qu’il soit, ne peut jamais être exact à 100%. De plus, nous non plus, nous ne possédons pas de boule de cristal. Nos prévisions de croissance à court terme sont très fiables, tandis que l’incertitude est plus grande concernant les prévisions des deux ou trois prochaines années, car de nombreux événements imprévus peuvent se produire à moyen terme. Il suffit de penser à la pandémie de Covid-19, au choc du franc fort, à des catastrophes naturelles ou des événements d’ordre géopolitique.
Malheureusement, cela n’est pas possible. Si nous le faisions, ces imprévus se transformeraient en événements attendus. Nous intégrons en revanche les risques et les facteurs d’incertitude dans nos réflexions. Par exemple, nous ne pouvons pas discerner avec précision les contours de la politique économique du président Donald Trump, pas plus que les réactions des autres pays à celle-ci. Nous savons toutefois que certaines mesures annoncées sont susceptibles de freiner la conjoncture mondiale; c’est un risque que nous prenons en considération.
Ces prévisions sont nécessaires pour que les particuliers comme les institutions puissent planifier l’avenir. La Confédération les intègre notamment dans sa planification financière. Par exemple, les recettes fiscales attendues dépendent de l’évolution future de l’économie. Nos prévisions sont également utilisées par des acteurs externes à la Confédération. Ainsi, il est utile de connaître l’évolution de l’inflation lors de négociations salariales notamment.
Nous estimons que la croissance en Suisse sera inférieure à la moyenne.
Nous analysons tout d’abord la situation actuelle de l’économie: sommes-nous en phase de reprise ou la conjoncture connaît-elle un ralentissement? À quel niveau se situent les taux d’intérêt et l’inflation? Comment se présente la situation à l’étranger? Concernant le court terme, nous nous appuyons sur divers modèles d’indicateurs qui se fondent sur des données prospectives comportant des indications sur l’avenir. Nous pouvons notamment exploiter l’état actuel des carnets de commandes des entreprises pour prévoir le niveau de production dans quelques mois.
De nombreuses données utilisées pour l’analyse conjoncturelle à court terme proviennent des enquêtes réalisées auprès des entreprises. Au sein du Secrétariat d’État à l’économie, nous conduisons une enquête équivalente auprès des particuliers: le climat de consommation. Enfin, nous intégrons de plus en plus dans notre analyse de la conjoncture des données disponibles en temps quasi réel, comme les paiements par carte de crédit.
Ce sont davantage les relations économiques fondamentales qui sont déterminantes à cet égard. Elles sont reproduites dans des modèles structurels macroéconomiques. Cette méthode permet par exemple de simuler l’effet d’un ralentissement conjoncturel international sur les exportations et les investissements et, par là même, sur le marché du travail et la consommation. Les résultats de ces modèles sont ensuite complétés par les observations du Groupe d’experts de la Confédération pour les prévisions conjoncturelles.
Le contexte international est délicat et les perspectives pour l’économie européenne ne sont pas franchement favorables actuellement. Nous estimons qu’en 2025, la croissance en Suisse sera inférieure à la moyenne.
Propos recueillis par «La Vie économique»
Proposition de citation: Éclairage de Felicitas Kemeny, Secrétariat d’État à l’économie (2025). La croissance sera-t-elle au rendez-vous en 2025? La Vie économique, 09. janvier.