Quel est l’impact des salaires minimums cantonaux?
Éclairage de Conny Wunsch, Université de Bâle

Les entreprises du canton de Bâle-Ville, notamment celles du secteur de la restauration, ont été nombreuses à augmenter leurs prix après l’introduction d’un salaire minimum. (Image: Keystone)
Dans ces cantons, la rémunération horaire minimale est actuellement comprise entre 20 francs et près de 24,50 francs.
Les entreprises peuvent réagir aux salaires minimums de nombreuses autres manières, sans que celles-ci aient un impact sur l’emploi. Les répercussions dépendent également du comportement des salariés: si la hausse de salaire mène à une augmentation de la consommation, elle a des répercussions positives sur l’économie.
La probabilité d’effets négatifs sur le marché du travail est relativement faible dans les cantons qui ont introduit des salaires minimaux modérés, comme les cantons du Jura, de Neuchâtel et de Bâle-Ville, dans un contexte économique favorable. En revanche, le risque de répercussions négatives croît à mesure que les salaires minimums sont élevés, qu’ils concernent un nombre d’employés important et que la conjoncture se dégrade.
Nous avons mené une enquête anonyme auprès de ces entreprises six mois après l’introduction du salaire minimum. Parmi les 150 réponses exploitables que nous avons reçues, les trois mesures les plus fréquemment citées étaient une augmentation des prix, une baisse du recrutement et une réduction, voire un report, des investissements.
Lorsque les prix augmentent de manière globale, il est plus facile pour les entreprises d’imposer des hausses de prix en raison des salaires minimums.
Dix-huit mois après l’introduction du salaire minimum, les entreprises citaient de nouveau une hausse des prix comme mesure la plus fréquemment prise, suivie d’un recours plus fréquent aux licenciements. En outre, une part considérable de ces entreprises prévoyaient de remplacer la main-d’œuvre par des machines. Malheureusement, le taux de participation à cette nouvelle enquête était en baisse de 66% par rapport à la précédente, ce qui limite sa pertinence.
Tout d’abord, nous ne pouvons pas exclure que les entreprises qui ont participé à la deuxième enquête n’avaient pas la même réaction que celles qui ont été interrogées lors de la première enquête. En outre, le taux de réponse a été bien inférieur la seconde fois. Actuellement, nous examinons en quoi les entreprises se distinguent d’une enquête à l’autre et quelle influence ces différences peuvent avoir sur les réponses. Deuxièmement, la situation sur le marché du travail en Suisse s’est dégradée depuis la première enquête: il y a moins de postes vacants et le chômage a progressé, ce qui augmente la probabilité que les salaires minimums aient des effets négatifs sur l’emploi.
Effectivement; lorsque les prix augmentent de manière globale, il est plus facile pour les entreprises d’imposer des hausses de prix en raison des salaires minimums, car les clients parviennent difficilement à saisir les différents facteurs à l’origine d’une hausse des prix. Cela étant devenu plus difficile, d’autres mesures ayant une influence sur la demande de main-d’œuvre sont désormais plus probables.
Propos recueillis par «La Vie économique»
Proposition de citation: Éclairage de Conny Wunsch, Université de Bâle (2025). Quel est l’impact des salaires minimums cantonaux? La Vie économique, 18 février.