Quelles sont les conséquences d’une dette publique élevée?
Éclairage d'Alexandra Janssen, Ecofin
Le bâtiment des Archives nationales à Washington a été fermé pendant plusieurs semaines cette année, lors du plus long shutdown de l’histoire des États-Unis. (Image: Keystone)
La dette publique peut se justifier par une bonne comme par une mauvaise raison. La bonne raison est que l’endettement permet de répartir les dépenses publiques sur plusieurs années. La mauvaise, c’est que la dette publique sert à dissimuler des dépenses qui devraient être financées en toute transparence par les impôts. Dans les pays développés, la dette publique est fondée avant tout sur la deuxième raison.
Les primes de risque augmenteraient et la charge d’intérêts s’alourdirait. Comme une crise de la dette française serait synonyme d’une crise de l’euro, la Banque centrale européenne interviendrait probablement de nouveau massivement sur les marchés financiers. L’effet disciplinant des marchés continuerait de s’affaiblir, tout comme l’euro à moyen terme.
Le taux d’endettement ne suffit pas pour déterminer si un État est capable de supporter sa dette, c’est-à-dire s’il est en mesure de la financer et d’en assurer le service à long terme. Il faut également évaluer sa capacité à se réformer, ainsi que ses perspectives de croissance et l’évolution des taux d’intérêts. Le taux d’endettement est toutefois révélateur de la vulnérabilité d’un pays: plus il est élevé, plus la capacité d’un pays à financer sa dette est susceptible d’être affectée par les variations des facteurs que je viens de mentionner.
Le programme d’allègement budgétaire ne fait que freiner la croissance des dépenses.
Le shutdown n’aura guère d’impact sur l’économie, mais il démontre l’incapacité de la classe politique à agir. Si elle dure trop longtemps, ce blocage budgétaire peut saper la confiance dans les institutions et le dollar. N’oublions pas toutefois que les États-Unis ont toujours fait preuve d’une grande résilience.
Il est évident que les responsables politiques sont incités à recourir autant que possible à l’emprunt. Toutefois, rien ne justifie cette pratique d’un point de vue économique. Il incombe finalement au corps électoral d’exiger des responsables politiques qu’ils fassent preuve d’une plus grande discipline budgétaire et de transparence. Ce constat est également valable pour la Suisse, où beaucoup oublient que nos systèmes sociaux recèlent un déficit massif qui pèsera lourdement sur les générations futures. Or, à la différence d’autres pays, toute modification législative requiert l’approbation du peuple suisse.
Ce programme ne fait que freiner la croissance des dépenses. À mon avis, il est insuffisant. La Suisse devrait se concentrer sur les tâches essentielles de l’État: la protection de l’indépendance, de la liberté et de la propriété. Cela permettrait de réduire les dépenses publiques et, surtout, de les répartir différemment.
Propos recueillis par «La Vie économique»
Proposition de citation: Éclairage d'Alexandra Janssen, Ecofin (2025). Quelles sont les conséquences d’une dette publique élevée? La Vie économique, 27 novembre.
